Franck Revol confectionne un essuie-tout lavable et réutilisable. Et toute une gamme de produits durables pour la maison.
Il a le regard malicieux de ceux qui tiennent une bonne idée. Sur les salons, Franck Revol attire le chaland avec un produit peu banal : des rouleaux d’essuie-tout lavables ! « Une famille consomme a minima un rouleau d’essuie-tout jetable par semaine. Imaginez le volume de papier souillé qui finit chaque année à la poubelle, révèle-t-il. Mes rouleaux se composent de dix carrés de coton bio absorbant qui se clipsent, se lavent en machine et se réutilisent pendant cinq ans. C’est plus efficace à l’usage et plus écologique. » Le coton est cultivé en Turquie, filé en Italie, puis découpé, surjeté et assemblé par ses soins dans son petit atelier de Romagnieu, en pleine campagne iséroise. Un vrai succès à l’heure du zéro déchet. L’idée initiale vient de son ex-femme.
En 2013, Lydia Revol créait la marque Ecolyne pour fabriquer et distribuer d’abord des couches lavables. Suivront un essuie-tout, des lingettes démaquillantes et des serviettes hygiéniques. Depuis, le couple s’est séparé. Lydia est devenue thérapeute et Franck a repris le flambeau, abandonnant les couches, secteur trop concurrentiel, pour se recentrer sur les essuie-tout, lingettes, mouchoirs, torchons, gants… Et aussi des éponges. « Ces dernières sont entièrement fabriquées à partir des chutes de tissu issues de la fabrication de l’essuie-tout. Rien ne se perd. Elles s’utilisent aussi bien pour le ménage que pour le corps. » La couleur écrue étonne parfois sa clientèle mais révèle que le coton n’a pas été blanchi au chlore. Cette démarche écologique plaît. Franck a plus que doublé le chiffre d’affaires de l’entreprise en deux ans pour atteindre 100 000 € en 2018. De quoi se dégager un premier salaire en 2019.
Il écoule encore l’essentiel de sa production en vente directe, mais commence à intéresser des revendeurs. Une quarantaine de magasins bio propose désormais ses produits en Rhône-Alpes, à Paris et en Alsace.
Fabrication artisanale
Franck a longtemps travaillé comme « homme à tout faire » dans un camping. « Couper du tissu est bien plus agréable que de tailler des haies ou réparer des sanitaires. Il y a une dimension créative nouvelle pour moi. » Entre la fabrication et la vente, le métier est très chronophage. Mais l’investissement en matériel, lui, est raisonnable : 5 500 € pour des ciseaux professionnels, une surjeteuse, une machine à coudre et une presse pneumatique pour les boutons.
Stéphane Perraud, février 2019